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BAU_1/BAU95
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
TABLEAUX PARISIENS
XCI
À une mendiante rousse
Blanche fille aux cheveux roux, 7
Dont la robe par ses trous 7
Laisse voir la pauvreté 7
Et la beauté, 4
5 Pour moi, poëte chétif, 7
Ton jeune corps maladif, 7
Plein de taches de rousseur, 7
A sa douceur. 4
Tu portes plus galamment 7
10 Qu’une reine de roman 7
Ses cothurnes de velours 7
Tes sabots lourds. 4
Au lieu d’un haillon trop court, 7
Qu’un superbe habit de cour 7
15 Traîne à plis bruyants et longs 7
Sur tes talons ; 4
En place de bas troués, 7
Que pour les yeux des roués 7
Sur ta jambe un poignard d’or 7
20 Reluise encor ; 4
Que des nœuds mal attachés 7
Dévoilent pour nos péchés 7
Tes deux beaux seins, radieux 7
Comme des yeux ; 4
25 Que pour te déshabiller 7
Tes bras se fassent prier 7
Et chassent à coups mutins 7
Les doigts lutins, 4
Perles de la plus belle eau, 7
30 Sonnets de maître Belleau 7
Par tes galants mis aux fers 7
Sans cesse offerts, 4
Valetaille de rimeurs 7
Te dédiant leurs primeurs 7
35 Et contemplant ton soulier 7
Sous l’escalier, 4
Maint page épris du hasard, 7
Maint seigneur et maint Ronsard 7
Épieraient pour le déduit 7
40 Ton frais réduit ! 4
Tu compterais dans tes lits 7
Plus de baisers que de lys 7
Et rangerais sous tes lois 7
Plus d’un Valois ! 4
45 — Cependant tu vas gueusant 7
Quelque vieux débris gisant 7
Au seuil de quelque Véfour 7
De carrefour ; 4
Tu vas lorgnant en dessous 7
50 Des bijoux de vingt-neuf sous 7
Dont je ne puis, oh ! pardon ! 7
Te faire don. 4
Va donc, sans autre ornement, 7
Parfum, perles, diamant, 7
55 Que ta maigre nudité, 7
Ô ma beauté ! 4
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