Métrique en Ligne
BAU_1/BAU86
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SPLEEN ET IDÉAL
LXXXII
Obsession
Grands bois, vous m’effrayez comme des cathédrales ; 12
Vous hurlez comme l’orgue ; et dans nos cœurs maudits, 12
Chambres d’éternel deuil où vibrent de vieux râles, 12
Répondent les échos de vos De profundis. 12
5 Je te hais, Océan ! tes bonds et tes tumultes, 12
Mon esprit les retrouve en lui ! Ce rire amer 12
De l’homme vaincu, plein de sanglots et d’insultes, 12
Je l’entends dans le rire énorme de la mer. 12
Comme tu me plairais, ô Nuit ! sans ces étoiles 12
10 Dont la lumière parle un langage connu ! 12
Car je cherche le vide, et le noir, et le nu ! 12
Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles 12
Où vivent, jaillissant de mon œil par milliers, 12
Des êtres disparus aux regards familiers. 12
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