Métrique en Ligne
BAU_1/BAU8
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SPLEEN ET IDÉAL
VII
La Muse malade
Ma pauvre Muse, hélas ! qu’as-tu donc ce matin ? 12
Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes, 12
Et je vois tour à tour s’étaler sur ton teint 12
La folie et l’horreur, froides et taciturnes. 12
5 Le succube verdâtre et le rose lutin 12
T’ont-ils versé la peur et l’amour de leurs urnes ? 12
Le cauchemar, d’un poing despotique et mutin, 12
T’a-t-il noyée au fond d’un fabuleux Minturnes ? 12
Je voudrais qu’exhalant l’odeur de la santé 12
10 Ton sein de pensers forts fût toujours fréquenté, 12
Et que ton sang chrétien coulât à flots rhythmiques, 12
Comme les sons nombreux des syllabes antiques, 12
Où règnent tour à tour le père des chansons, 12
Phœbus, et le grand Pan, le seigneur des moissons. 12
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