Métrique en Ligne
BAU_1/BAU65
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SPLEEN ET IDÉAL
LXI
Chanson d'après-midi
Quoique tes sourcils méchants 7
Te donnent un air étrange 7
Qui n’est pas celui d’un ange, 7
Sorcière aux yeux alléchants, 7
5 Je t’adore, ô ma frivole, 7
Ma terrible passion ! 7
Avec la dévotion 7
Du prêtre pour son idole. 7
Le désert et la forêt 7
10 Embaument tes tresses rudes ; 7
Ta tête a les attitudes 7
De l’énigme et du secret ; 7
Sur ta chair le parfum rôde 7
Comme autour d’un encensoir ; 7
15 Tu charmes comme le soir, 7
Nymphe ténébreuse et chaude. 7
Ah ! les philtres les plus forts 7
Ne valent pas ta paresse, 7
Et tu connais la caresse 7
20 Qui fait revivre les morts ! 7
Tes hanches sont amoureuses 7
De ton dos et de tes seins, 7
Et tu ravis les coussins 7
Par tes poses langoureuses. 7
25 Quelquefois pour apaiser 7
Ta rage mystérieuse, 7
Tu prodigues, sérieuse, 7
La morsure et le baiser ; 7
Tu me déchires, ma brune, 7
30 Avec un rire moqueur, 7
Et puis tu mets sur mon cœur 7
Ton œil doux comme la lune. 7
Sous tes souliers de satin, 7
Sous tes charmants pieds de soie, 7
35 Moi, je mets ma grande joie, 7
Mon génie et mon destin, 7
Mon âme par toi guérie, 7
Par toi, lumière et couleur ! 7
Explosion de chaleur 7
40 Dans ma noire Sibérie ! 7
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