Métrique en Ligne
BAU_1/BAU56
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SPLEEN ET IDÉAL
LII
Le Poison
Le vin sait revêtir le plus sordide bouge 12
D’un luxe miraculeux, 7
Et fait surgir plus d’un portique fabuleux 12
Dans l’or de sa vapeur rouge, 7
5 Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux. 12
L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes, 12
Allonge l’illimité, 7
Approfondit le temps, creuse la volupté, 12
Et de plaisirs noirs et mornes 7
10 Remplit l’âme au delà de sa capacité. 12
Tout cela ne vaut pas le poison qui découle 12
De tes yeux, de tes yeux verts, 7
Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers… 12
Mes songes viennent en foule 7
15 Pour se désaltérer à ces gouffres amers. 12
Tout cela ne vaut pas le terrible prodige 12
De ta salive qui mord, 7
Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remord, 12
Et, charriant le vertige, 7
20 La roule défaillante aux rives de la mort ! 12
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