Métrique en Ligne
BAU_1/BAU47
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SPLEEN ET IDÉAL
XLIII
Tout entière
Le Démon, dans ma chambre haute, 8
Ce matin est venu me voir, 8
Et, tâchant à me prendre en faute, 8
Me dit : « Je voudrais bien savoir, 8
5 Parmi toutes les belles choses 8
Dont est fait son enchantement, 8
Parmi les objets noirs ou roses 8
Qui composent son corps charmant, 8
Quel est le plus doux. » — Ô mon âme ! 8
10 Tu répondis à l’Abhorré : 8
« Puisqu’en Elle tout est dictame, 8
Rien ne peut être préféré. 8
Lorsque tout me ravit, j’ignore 8
Si quelque chose me séduit. 8
15 Elle éblouit comme l’Aurore 8
Et console comme la Nuit ; 8
Et l’harmonie est trop exquise, 8
Qui gouverne tout son beau corps, 8
Pour que l’impuissante analyse 8
20 En note les nombreux accords. 8
Ô métamorphose mystique 8
De tous mes sens fondus en un ! 8
Son haleine fait la musique, 8
Comme sa voix fait le parfum ! » 8
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