SPLEEN ET IDÉAL |
XXXVIII |
Le Balcon |
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Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses, |
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Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs ! |
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Tu te rappelleras la beauté des caresses, |
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La douceur du foyer et le charme des soirs, |
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Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses ! |
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Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon, |
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Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses. |
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Que ton sein m’était doux ! que ton cœur m’était bon ! |
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Nous avons dit souvent d’impérissables choses |
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Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon. |
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Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! |
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Que l’espace est profond ! que le cœur est puissant ! |
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En me penchant vers toi, reine des adorées, |
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Je croyais respirer le parfum de ton sang. |
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Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées ! |
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La nuit s’épaississait ainsi qu’une cloison, |
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Et mes yeux dans le noir devinaient tes prunelles, |
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Et je buvais ton souffle, ô douceur, ô poison ! |
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Et tes pieds s’endormaient dans mes mains fraternelles. |
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La nuit s’épaississait ainsi qu’une cloison. |
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Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses, |
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Et revis mon passé blotti dans tes genoux. |
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Car à quoi bon chercher tes beautés langoureuses |
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Ailleurs qu’en ton cher corps et qu’en ton cœur si doux ? |
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Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses ! |
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Ces serments, ces parfums, ces baisers infinis, |
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Renaîtront-ils d’un gouffre interdit à nos sondes, |
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Comme montent au ciel les soleils rajeunis |
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Après s’être lavés au fond des mers profondes ? |
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— Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis ! |
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