Métrique en Ligne
BAU_1/BAU20
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
SPLEEN ET IDÉAL
XIX
La Géante
Du temps que la Nature en sa verve puissante 12
Concevait chaque jour des enfants monstrueux, 12
J’eusse aimé vivre auprès d’une jeune géante, 12
Comme aux pieds d’une reine un chat voluptueux. 12
5 J’eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme 12
Et grandir librement dans ses terribles jeux ; 12
Deviner si son cœur couve une sombre flamme 12
Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux ; 12
Parcourir à loisir ses magnifiques formes ; 12
10 Ramper sur le versant de ses genoux énormes, 12
Et parfois en été, quand les soleils malsains, 12
Lasse, la font s’étendre à travers la campagne, 12
Dormir nonchalamment à l’ombre de ses seins, 12
Comme un hameau paisible au pied d’une montagne. 12
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