Métrique en Ligne
BAU_1/BAU122
Charles BAUDELAIRE
LES FLEURS DU MAL
1857-1861
FLEURS DU MAL
CXVIII
La Fontaine de sang
Il me semble parfois que mon sang coule à flots, 12
Ainsi qu’une fontaine aux rhythmiques sanglots. 12
Je l’entends bien qui coule avec un long murmure, 12
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure. 12
5 À travers la cité, comme dans un champ clos, 12
Il s’en va, transformant les pavés en îlots, 12
Désaltérant la soif de chaque créature, 12
Et partout colorant en rouge la nature. 12
J’ai demandé souvent à des vins captieux 12
10 D’endormir pour un jour la terreur qui me mine ; 12
Le vin rend l’œil plus clair et l’oreille plus fine ! 12
J’ai cherché dans l’amour un sommeil oublieux ; 12
Mais l’amour n’est pour moi qu’un matelas d’aiguilles 12
Fait pour donner à boire à ces cruelles filles ! 12
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