Les Spectres |
À M. B.
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Vous les connaissez bien ces amants des clairières, |
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Ces spectres, revenant, de la tombe transis, |
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Sous la lune bleuâtre et ses pâles lumières… |
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Ils dansent dans les cimetières, |
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Mais dans mon cœur, ils sont assis. |
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Ils sont là, tous, assis avec mélancolie, |
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Dans l'immobilité des morts, sous leurs tombeaux : |
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Et pâles et navrés, croyant qu'on les oublie, |
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Ils ne se doutent pas qu'ils sont pour nous la Vie, |
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Plus puissants qu'elle et bien plus beaux ! |
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O spectres des amours finis, — spectres de femmes, |
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Qui faites nos regrets pires que des remords… |
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Vous ne revenez pas que la nuit dans nos âmes… |
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Mais des jours les plus clairs vous noircissez les flammes |
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Et, morts, faites de nous des morts ! |
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Et toi, toi qui me crois vivant, — vivant encore, |
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Car je le redeviens sous tes regards si doux, — |
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Crains les sentiments fous des cœurs à leur aurore, |
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Et n'apprends pas qu'il est dans ce cœur qui t'adore |
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Un mur de mortes entre nous ! |
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