Métrique en Ligne
BAR_1/BAR20
Jules BARBEY D'AUREVILLY
Poussières
1854
Si j'avais, sous ma mantille, 7
Cet œil gris de lin, 5
Et cette svelte cheville 7
Dans mon svelte brodequin ; 7
5 Si j'avais ta morbidesse, 7
Tes cheveux dorés, 5
Retombant en double tresse 7
Jusque sur mes reins cambrés ! 7
Si j'avais, ô ma pensée, 7
10 Dans mon corset blanc, 5
Ta blonde épaule irisée 7
D'un duvet étincelant ! 7
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15 ..................................
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Enfin si je semblais faite 7
Pour donner la loi, 5
Je serais une coquette 7
20 Plus coquette encor que toi ! 7
Je voudrais être une reine 7
Fière comme un paon, 5
Dont on aurait grande peine 7
A baiser le bout du gant. 7
25 Je ne serais pas de celles, 7
Froides à moitié, 5
Qui, d'abord, font les cruelles, 7
Et puis après ont pitié. 7
Je serais une tigresse, 7
30 Rebelle aux amours, 5
Cachant la griffe traîtresse 7
Dans ma patte de velours ! 7
Je ferais souffrir aux âmes 7
Mille bons tourments, 5
35 Et je vengerais les femmes 7
De tous leurs fripons d'amants ; 7
Et sans l'éventail qui cache 7
Deux beaux yeux moqueurs, 5
Je rirais, sur leur moustache, 7
40 De leur flamme et de leurs pleurs ; 7
Et je passerais ma vie 7
A les désoler, 5
Et je serais si jolie 7
Qu'il leur faudrait bien m'aimer ! 7
45 Et puis, si d'aimer l'envie 7
Un jour me prenait, 5
Je n'aurais de fantaisie 7
Que pour celui qui dirait : 7
« Si comme toi j'étais faite 7
50 Pour donner la loi, 5
Je serais une coquette, 7
Plus coquette encor que toi ! » 7
Aime-moi donc, ma Paulette, 7
O mon blond trésor ! 5
55 Aimer un fat ? toi, coquette ! 7
Ce sera t'aimer encor ! 7
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