Métrique en Ligne
BAR_1/BAR16
Jules BARBEY D'AUREVILLY
Poussières
1854
À qui rêves-tu si tu rêve, 8
Front bombé que j'adore et voudrais entr'ouvrir, 12
Entr'ouvrir d'un baiser pénétrant comme un glaive, 12
Pour voir si c'est à moi, — que tu fais tant souffrir ! 12
5 O front idolâtré, mais fermé, — noir mystère, 12
Plus noir que ces yeux noirs qui font la Nuit en moi, 12
Et dont le sombre feu nourrit et désespère 12
L'amour affreux que j'ai pour toi ! 8
Je n'ai su jamais si tu pense, 8
10 Si tu sens, — si ton cœur bat comme un autre cœur, 12
Et s'il est quelque chose au fond de ton silence 12
Obstinément gardé, cruellement boudeur ! 12
Non ! je n'ai jamais su s'il était dans ton âme 12
Une place où plus tard pût naître un sentiment, 12
15 Ou si tu dois rester une enfant, quoique femme, 12
Une enfant ! pas même ! — un néant ! 8
Un néant qui semble la vie ! 8
Mais qui fait tout oser aux cœurs comme le mien ; 12
Car l'être inanimé qu'on aime, nous défie ! 12
20 On brûlerait le marbre en l'aimant ! — Mais le rien !! 12
Le rien vêtu d'un corps................................
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