Métrique en Ligne
BAR_1/BAR1
Jules BARBEY D'AUREVILLY
Poussières
1854
À Valognes
Ex imo.
C'était dans la ville adorée, 8
Sarcophage pour moi des premiers souvenirs, 12
Où tout enfant j'avais, en mon âme enivrée, 12
Rêvé ces bonheurs fous qui restent des désirs ! 12
5 C'était là… qu'une après-midi, dans une rue, 12
Dont un soleil d'août, de sa lumière drue, 12
Frappait le blanc pavé désert, — qu'elle passa, 12
Et qu'en moi, sur ses pas, tout mon cœur s'élança ! 12
Elle passa, charmante à n'y pas croire, 10
10 Car ils la disent laide ici, — stupide gent ! 12
Tunique blanche au vent sur une robe noire, 12
Elle était pour mes jeux comme un vase élégant, 12
Incrusté d'ébène et d'ivoire ! 8
Je la suivis… — Ton cœur ne t'a pas dit tout bas 12
15 Que quelqu'un te suivait, innocente divine, 12
Et mettait… mettait, pas pour pas, 8
Sa botte où tombait ta bottine ?… 8
Qui sait ? Dieu te sculpta peut-être pour l'amour, 12
Ô svelte vase humain, élancé sur ta base ! 12
20 Pourquoi donc n'es-tu pas, ô vase ! 8
L'urne de ce cœur mort que tu fis battre un jour ! 12
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