Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
LES STALACTITES
1843-1846
Dans le vieux cimetière, où cette chaude pluie 12
Sur l'aubépine en fleurs 6
A versé, dans un flot que le soleil essuie, 12
Des parfums et des pleurs ; 6
5 Au coucher du soleil, dans le vieux cimetière 12
Où, sur chaque tombeau, 6
Des bouquets de rayons empourprent l'humble pierre, 12
Entrons, il y fait beau ! 6
Le ciel, bariolé par la métamorphose 12
10 De son limpide azur, 6
Borde joyeusement d'écume grise et rose 12
Son grand lac d'un bleu pur. 6
Puisqu'ils vivent encor dans ces riants calices 12
De soleil amoureux, 6
15 Les morts qui sont couchés dans ce lieu de délices, 12
Ils doivent être heureux ! 6
Leur âme nous parfume, et la grande Nature, 12
Si pleine de raison, 6
A fait avec leurs corps tombés en pourriture 12
20 Sa belle floraison. 6
Oui, c'est d'eux que nous vient cette ombre douce et triste ; 12
Et ce sont eux encor 6
Ces bouquets de corail, ces thyrses d'améthyste, 12
Ces riches grappes d'or ! 6
25 Ce sont eux ces rosiers aux mille roses blanches 12
Et ces amaryllis, 6
Et ce bleuet céleste et ces tendres pervenches, 12
Et ce sont eux ces lys ! 6
De même la Nature, avec mélancolie, 12
30 Jusqu'au matin vermeil 6
Laisse la vaine cendre en nous ensevelie 12
Pourrir loin du soleil ; 6
Haine, douleur, néant de la gloire et du crime, 12
Illusion d'un jour ; 6
35 Et, baignant de rayons tout ce fumier sublime, 12
Elle en fait de l'amour ! 6
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