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Théodore de BANVILLE
LES STALACTITES
1843-1846
Élégie
Gallus et Hesperiis, et Gallus notus Eoïs
Et sua cum Gallo nota Lycoris erit.
Ovide.
Tombez dans mon cœur, souvenirs confus, 10
Du haut des branches touffues ! 7
Oh ! parlez-moi d'elle, antres et rochers, 10
Retraites à tous cachées ! 7
5 Parlez, parlez d'elle, ô sentiers fleuris ! 10
Bois, ruisseaux, vertes prairies ! 7
O charmes amers ! dans ce frais décor 10
Elle m'apparaît encore. 7
C'est elle, ô mon cœur ! sur ces gazons verts, 10
10 Au milieu des primevères ! 7
Je vois s'envoler ses fins cheveux d'or 10
Au zéphyr qui les adore, 7
Et notre amandier couvre son beau cou 10
Des blanches fleurs qu'il secoue ! 7
15 Sur mon bras frémit son bras ingénu, 10
Et frissonne sa main nue. 7
Le feuillage est noir, le ciel étoilé, 10
Viens, suivons la noire allée ! 7
La belle-de-nuit s'ouvre toute en feu, 10
20 La voûte du ciel est bleue. 7
Écoutez, ma mie, au coin du vieux mur, 10
Le rossignol qui murmure. 7
Chante ta chanson, ô doux rossignol ! 10
Ta chanson qui nous console, 7
25 Et que pour toi seul, à côté du lys, 10
La rose ouvre son calice ! 7
Des yeux tant aimés tombe un divin pleur 10
Sur ma tempe qu'il effleure. 7
O larme d'amour, trésor sans pareil ! 10
30 Dites-moi si je sommeille ? 7
Qui t'envoie, hélas ! charmant souvenir, 10
Briser mon cœur qui soupire ? 7
Hélas ! je suis seul dans ces bois épars 10
Où résonnaient les guitares. 7
35 Une illusion, songe évanoui, 10
Charmait mon âme éblouie. 7
Je fatigue seul le flot de cristal, 10
L'herbe où la fleur d'or s'étale, 7
L'antre et la fontaine où croît le glaïeul, 10
40 Et ma voix fatigue seule 7
La forêt tremblante et l'azur du lac 10
De ma plainte élégiaque ! 7
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