Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
LES STALACTITES
1843-1846
Le Démêloir
Quelle est celle-ci qui s'avance
comme l'Aurore lorsqu'elle se lève,
qui est belle comme la Lune et
éclatante comme le Soleil,
et qui est terrible comme une
armée rangée en bataille ?
Cantique des cantiques.
Je sais qu'elle est pareille aux Anges de lumière. 12
Elle a des rayons d'astre éclos sous sa paupière, 12
Et je vois aux candeurs de son pied calme et pur 12
Qu'il a marché longtemps sur les tapis d'azur. 12
5 Sa bouche harmonieuse et de charme inondée 12
Semble, à son doux parfum de roses de Judée, 12
Avoir vidé la coupe aux noces de Cana, 12
Et chanté dans les cieux le Salve Regina. 12
Mais ces tempes de marbre et ce sourcil farouche, 12
10 La superbe fierté du front et de la bouche, 12
Ces rougeurs, ce duvet pleins de défis mordants, 12
L'insolente fraîcheur de ces tons discordants, 12
Ces ongles lumineux et ces dents de tigresse 12
A des instants furtifs trahissent la Déesse. 12
15 Quand, pareille aux Vénus que je chante en mes vers, 12
Sous un grand démêloir d'écaille aux reflets verts 12
Elle fait ruisseler, en sortant de l'alcôve, 12
Cette ample chevelure à l'or sanglant et fauve, 12
Quand ses mains de statue achèvent d'y verser 12
20 Le flot d'huile épandu, le soleil fait glisser 12
Sur ces âpres trésors, qu'à loisir elle baigne, 12
Un rayon rose au bout de chaque dent du peigne. 12
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