Métrique en Ligne
BAN_8/BAN372
Théodore de BANVILLE
LE SANG DE LA COUPE
1857
Fille de la clarté, Muse aux regards vermeils, 12
Ouvre les yeux. Que font dans l'éther les soleils ? 12
Ils gravitent. Que fait l'Océan vaste ? Il broie 12
Les navires de l'homme en rugissant de joie. 12
5 Et le tonnerre ? Il gronde. Et l'aigle immense ? Il fond 12
Sur la brebis, du haut du ciel clair et profond, 12
Et l'emporte à son aire. Et le lion ? Il plante 12
Ses fortes dents parmi la chair vive et sanglante. 12
Et le doux rossignol ? Blessé cruellement 12
10 Par sa fleur, il la chante avec ravissement 12
Et retourne au buisson d'épines. Et la rose, 12
Que fait-elle du flot d'ambroisie ? Elle arrose 12
La terre de parfums et les grands cœurs d'amour. 12
Et le penseur ? Il vient à la clarté du jour 12
15 Pour secouer devant la foule intimidée 12
Ton glaive de lumière, inexorable Idée ! 12
Et le poëte auguste ? Il tourne son flambeau 12
Vers la Beauté, sa foi, qu'on a mise au tombeau, 12
Et se penchant sur elle avec mélancolie, 12
20 Il relève en pleurant cette image avilie. 12
Et l'impuissant, ô Muse ? Il vit, fier de railler 12
Et de mentir. C'est bien, Muse, allons travailler. 12
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