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BAN_8/BAN360
Théodore de BANVILLE
LE SANG DE LA COUPE
1857
A Mesdemoiselles Aménaïde, Lyzie et Eugénie de Friberg
O vous, mes jeunes sœurs que je ne connais pas ! 12
Sur l'éternel gazon que caressent vos pas 12
Je vous vois passer souriantes. 8
C'est en vain que Thétis, reine du gouffre amer, 12
5 Vous cache à mes regards, ô perles de la mer, 12
Dans ses Antilles verdoyantes. 8
Poëte extasié que ravissent leurs jeux, 12
Ce n'est plus dans les bois du Parnasse neigeux 12
Que mon cœur rêve les trois Grâces ; 8
10 Ce n'est plus, Olmios, vers tes flots argentés 12
Que j'égare mes yeux et mes vers enchantés, 12
Dans le sable d'or où tu passes ! 8
C'est vers ce paradis désiré des marins, 12
Où sous les bananiers et dans les tamarins, 12
15 Les sylphes de l'air font la sieste, 8
Où cent îles en fleur, filles des Océans, 12
Sous les magnolias lavent leurs pieds géants 12
Dans une mer d'un bleu céleste. 8
C'est parmi les saphirs où ces riants îlots 12
20 Sortent comme Cypris de l'écume des flots, 12
Peuplés de soudaines féeries, 8
Où, près de l'ananas et du pâle oranger, 12
Le hamac, suspendu comme un oiseau léger, 12
Berce les molles rêveries. 8
25 Je vous vois dans l'air pur de ces jardins si doux, 12
Causant et souriant, tandis qu'une de vous, 12
Ainsi qu'une amazone ailée, 8
Devance les éclairs et s'avance en rêvant 12
Sur un cheval fougueux, qui fustige le vent 12
30 De sa crinière échevelée. 8
Je vous vois, et mes vers fendent le ciel brumeux. 12
Puissent un jour me prendre et m'emporter comme eux 12
Sur le dos de la vague blonde, 8
Avec leurs mille pieds, pour mes désirs trop lents, 12
35 Ces navires de feu dont les baisers brûlants 12
Laissent une ride sur l'onde ! 8
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