Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
ODELETTES
1856
A Charles Asselineau
Vainement tu lui fais affront, 8
Votre brouille m'amuse, 6
Car je reconnais sur ton front 8
Le baiser de la Muse. 6
5 Tout est fini, si tu le veux ; 8
Mais que le vent les bouge, 6
Vite on le voit sous tes cheveux, 8
La place est encor rouge. 6
Tu fuis le bois des lauriers verts 8
10 Et la troupe des cygnes, 6
Et, pour mieux laisser l'art des vers 8
A des chanteurs plus dignes, 6
Tu ne t'égares plus jamais 8
Sous la lune blafarde. 6
15 La modestie est bonne, mais 8
Cette fois prends-y garde ! 6
Par ces scrupules obligeants, 8
Trop souvent on condamne 6
La fée amoureuse à des gens 8
20 Coiffés de têtes d'âne. 6
Firdusi ne vit plus à Thus ! 8
Toutes les nuits un ange 6
Vient baiser les fleurs de lotus 8
Aux bords sacrés du Gange ; 6
25 L'hyacinthe frissonne encor 8
Dans les clairières lisses ; 6
Toujours, faisant du soleil d'or 8
Les plus chères délices, 6
La rose à sa douce senteur 8
30 Enivre Polymnie, 6
Mais je connais plus d'un auteur 8
Qui n'a pas de génie ! 6
Viens ! ne laisse pas galamment 8
Notre gentille escrime 6
35 Aux sots, privés également 8
De raison et de rime. 6
Au moins, reprends notre lien 8
Pour une année entière ! 6
Et d'ailleurs, ami, tu peux bien 8
40 Chez le vieux Furetière 6
Errer comme en un Sahara ; 8
Acheter et revendre 6
Des bouquins ; Érato saura 8
Toujours où te reprendre ! 6
45 Au mois où s'ouvrent les boutons, 8
Tous ceux qui l'ont aimée 6
Reviennent comme des moutons 8
Sur sa trace charmée. 6
Or, justement, pris à l'attrait 8
50 De mes rimes prolixes, 6
J'entends errer dans la forêt 8
Les elfes et les nixes ; 6
Et, dans le parc où nous songeons, 8
La sève, dont la force 6
55 Croît, gonfle déjà les bourgeons 8
Prêts à rompre l'écorce. 6
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