Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
NOUS TOUS
1883-1884
LXXXIX
Les Robes
La pitié, dont vivent les drames, 8
Je la trouve à la note B 8
Qui fait suite à L'Ami des Femmes, 8
Comme un joyau, du ciel tombé. 8
5 O triste envers d'un art folâtre ! 8
Je le demande avec Dumas : 8
La Vertu peut-elle au Théâtre 8
Dire tranquillement : Tu m'as ? 8
L'actrice que le succès porte, 8
10 Est-elle souvent ce que fut 8
Mademoiselle Delaporte, 8
Quand l'amour la guette à l'affût ? 8
Ah ! la vertu n'a rien qui glace 8
L'esprit au vol aérien ; 8
15 Elle est partout bien à sa place, 8
Et la neige ne tache rien. 8
Même en sa vie impétueuse, 8
L'actrice au mérite éprouvé 8
Peut certes rester vertueuse. 8
20 Plus d'une femme l'a prouvé. 8
Sagesse ! tu ne lui dérobes 8
Rien de son rêve créateur. 8
Cependant, qui paiera les robes ? 8
Quoi ! sera-ce le directeur ? 8
25 Bon. Je le crois. Même sans preuves. 8
Mais devant ce tragique effet, 8
On verra tout à coup les fleuves 8
Remonter leur cours stupéfait. 8
Dérogeant aux anciennes règles 8
30 Et domestiqués loin du jour, 8
On pourra voir les sombres aigles 8
Picorer dans la basse-cour, 8
Tandis qu'au-dessus de nos foules 8
S'élançant en plein ciel vermeil, 8
35 Les humbles canards et les poules 8
S'évaderont vers le soleil ! 8
Et sans écouter les murmures 8
Du vent, symphoniste et bourreau, 8
On cueillera des pêches mûres 8
40 Sur les cimes de la Jung-Frau ! 8
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