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Théodore de BANVILLE
NOUS TOUS
1883-1884
LXXXVIII
La Fourmi et la cigale
Laure, belle entre les grasses, 7
Qui porte avec mille grâces 7
Les diamants, 4
Sans jamais en être vaine, 7
5 Trouve qu'elle a trop de peine 7
Et trop d'amants. 4
Elle dit : Je me fatigue 7
De tout ce luxe prodigue, 7
De tous ces ors. 4
10 Tout cela, c'est trop d'affaire, 7
Et je ne sais plus que faire 7
De mes trésors. 4
Chacun a la fantaisie 7
De goûter à l'ambroisie 7
15 De mes baisers. 4
Ils arrivent des deux pôles, 7
Et les lys de mes épaules 7
En sont usés. 4
Ils me disent trop de phrases. 7
20 D'ailleurs, j'ai trop de topazes 7
Et de rubis. 4
Faut-il donc les mettre en poudre, 7
Ou, plus simplement, les coudre 7
Sur mes habits ? 4
25 Telle se désole, en prose, 7
Laure, pareille à la rose 7
Qui resplendit. 4
Elle se moque d'un prince 7
Et d'un banquier. Mais la mince 7
30 Irma lui dit : 4
Je n'ai rien dans mon armoire, 7
Car les satins et la moire 7
Se vendent cher, 4
Et si, l'hiver, je frissonne, 7
35 C'est que j'ai sur ma personne 7
Trop peu de chair. 4
Si les faiseurs de tapages 7
Ont mis trop d'or sur les pages 7
De ton roman, 4
40 Ne jette pas tout, ma belle, 7
Dans les boîtes de Poubelle, 7
Et donne-m'en ! 4
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