MÉTRIQUE EN LIGNE

Métrique en Ligne

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Théodore de BANVILLE

NOUS TOUS

1883-1884

LXXXV

Figaro

	Par un bon rapatriage,	7
	L'heureux Théâtre Français	7
	A repris Le Mariage	7
	De Figaro. Grand succès.	7

5	La caisse à présent se dore,	7
	Car de son génie épris,	7
	Toujours chez nous on adore	7
	Cet Espagnol de Paris.	7

	Ah ! qu'il intrigue et qu'il serve,	7
10	Ce laquais à l'œil brûlant,	7
	Dont la fabuleuse verve	7
	Est comme un flot turbulent !	7

	On dit que la comédie	7
	Où sa folle passion	7
15	Brille comme un incendie,	7
	Fit la révolution.	7

	Mais, bien plus ! il a fait toutes	7
	Les révolutions. Tout	7
	S'écroula, palais et voûtes,	7
20	Et rien ne resta debout,	7

	Lorsque ses mots qui foisonnent	7
	Eurent éveillé l'écho	7
	De ces trompettes qui sonnent	7
	Tout autour de Jéricho.	7

25	Tu l'as dit, barbier frivole,	7
	O maître des échansons,	7
	Dont l'esprit ailé s'envole,	7
	Tout finit par des chansons.	7

	Ce que dit notre épigramme	7
30	Sur des rhythmes toujours prêts,	7
	C'est la romance à madame	7
	Et La Carmagnole, après.	7

	Thalie au front ceint de lierre,	7
	Qui chérira son bourreau,	7
35	Et le grand vers de Molière,	7
	Tu brises tout, Figaro !	7

	Et la phrase, méchant homme,	7
	Barbier, laquais et bandit,	7
	Tu la haches menu, comme	7
40	Chair à pâté ! Tout est dit.	7

	Et quand tu chantes, par bribe,	7
	Des zon zon pour ta Suzon,	7
	Je vois déjà monsieur Scribe	7
	Qui se lève à l'horizon !	7

5 mars 1884.