Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
NOUS TOUS
1883-1884
LXXIX
Anniversaire
26 février
O mon Maître ! un nouveau printemps, 8
Avec ses souffles palpitants 8
Baise ta chevelure, insigne 8
Comme le cygne. 4
5 Tes deux enfants sont dans tes bras ; 8
Et tout ce que tu célébras 8
Vient acclamer ta force élue 8
Et te salue. 4
Au loin, sous la rumeur du flot, 8
10 La mer te dit, dans un sanglot : 8
J'ai moins de colère et de rages 8
Que tes orages. 4
Le bois touffu te dit : J'ai moins 8
D'oiseaux, les cieux m'en sont témoins, 8
15 Que n'en accueille dans son ombre 8
Ta strophe sombre. 4
Le ciel, en son tragique effroi, 8
Dit : Ton esprit est, comme moi, 8
Plein de gouffres et de désastres, 8
20 Mais criblé d'astres. 4
Le glaive, au chaste éclair d'acier, 8
Te dit : Poëte et justicier, 8
Je suis effrayant, moi le glaive, 8
Moins que ton rêve. 4
25 Et la lyre, pleine de voix, 8
Que seul tu touches et tu vois, 8
Murmure : Je suis ta servante 8
Et je m'en vante. 4
Et les humbles et les petits, 8
30 Déchirés par leurs appétits, 8
Les groupes cent fois adorables 8
Des misérables ; 4
Les femmes, si souvent en pleurs, 8
Que tout blesse, comme des fleurs ; 8
35 Et les cohortes vagabondes, 8
Les têtes blondes ; 4
Les enfants, dont tu sais les noms, 8
Te disent : Maître, nous venons 8
Louer la douceur infinie 8
40 De ton génie. 4
O grand songeur plein de pitié, 8
Par qui le crime est châtié, 8
Terrasse la haine méchante : 8
Vis ! Aime ! Chante ! 4
45 Marche, auguste, dans ton chemin, 8
Et contre tout glaive inhumain 8
Lève ta main pensive et calme 8
Qui tient la palme ! 4
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