Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
NOUS TOUS
1883-1884
LXXVIIl
Grâce !
Taisez-vous, reines à l'œil clair ! 8
C'est assez de propos en l'air 8
Et d'épigrammes ; 4
Vous troublez notre bon repas. 8
5 O femmes, ne nous dites pas 8
De mal des femmes ! 4
Vous traînez Ève dans le jour, 8
Et vous nous dites que l'Amour 8
A des calices 4
10 Où tout est fiel et trahison. 8
Laissez-nous boire ce poison 8
Avec délices ! 4
Dans votre discours, où tout nuit, 8
La brune, pareille à la nuit, 8
15 Et sa sœur blonde 4
Et la rousse au front décevant 8
Sont fuyantes comme le vent 8
Et comme l'onde. 4
Avec votre babil d'oiseau, 8
20 Sans cesse vous nous dites, au 8
Clair de la lune : 4
Les femmes ne font rien de bien ; 8
Je sais qu'elles ne valent rien, 8
Car j'en suis une ! 4
25 C'est par elles que le cœur vit ; 8
Car tout en elles nous ravit, 8
Lys, neige et rose, 4
Et nous les servons à genoux. 8
Il suffit que le rien pour nous 8
30 Soit quelque chose. 4
Nous les mêlons à nos destins ; 8
Nous les aimons sous les satins 8
Et sous les moires, 4
Et notre raison les absout, 8
35 Et nous ne voulons pas du tout 8
De vos Mémoires. 4
Laissez là vos jeux biseautés. 8
Respectez un peu des beautés 8
Qui sont les vôtres, 4
40 Et surtout ne dégoûtez pas 8
Les autres de ces fiers appas. 8
C'est nous, les autres ! 4
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