Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
NOUS TOUS
1883-1884
LXXVII
Vieux Jeu
Vous dont brillait la gloire éparse, 8
Nous délaissez-vous, comme ingrats, 8
Apothicaires de la Farce ? 8
Voici venir le mardi-gras ; 8
5 Cependant, — sans doute on vous triche, 8
Voyageurs d'Aix et de Cognac ! — 8
Je n'ai pas vu que nulle affiche 8
Annonçât encor Pourceaugnac. 8
Ce jour-là, tout ruisselant d'aise, 8
10 Le bon bourgeois, c'était son dû, 8
Voyait, en emportant sa chaise, 8
Pourceaugnac s'enfuir, éperdu. 8
Alors, oh ! que d'apothicaires, 8
Minces, grands, petits, bedonnés, 8
15 Avec des jambes en équerres 8
Et de longs nez désordonnés ! 8
Et, par le Styx ! que de seringues, 8
Dont les porteurs affreux, galants, 8
Graves comme des camerlingues, 8
20 Ou sauvages et turbulents ; 8
Troupes par des troupes rejointes, 8
En leur effrayant magasin 8
Braquaient les redoutables pointes 8
Vers le fauteuil du Limosin ! 8
25 Des filles aussi, grandes bringues, 8
Jouaient, en habit travesti, 8
D'étranges porteurs de seringues 8
Suivant Pourceaugnac investi. 8
Et des enfants, encor précaires. 8
30 Jouaient, ouvrant leurs yeux de jais, 8
De tout petits apothicaires 8
Braquant de tout petits objets. 8
Mais quoi ! la Farce est abolie 8
Autant que l'Almanach Liégeois : 8
35 On ne veut plus de sa folie. 8
Jeunes élèves et bourgeois, 8
Soyez gais, mangez des meringues ! 8
Mais amusez-vous, gravement. 8
Les matassins et les seringues 8
40 Ne sont plus dans le mouvement. 8
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