Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
NOUS TOUS
1883-1884
LXIV
La Croupe
Si les femmes, êtres vainqueurs, 8
N'avaient rien de faux que leurs cœurs, 8
Nous ririons ; mais voyez ces groupes 8
De fausse croupes ! 4
5 Jadis elles n'ont fait qu'ombrer 8
La jupe ; on les voit encombrer 8
Maintenant de leur masse accrue 8
Toute la rue. 4
Souvent ces fausses croupes m'ont 8
10 Troublé ; la moindre a l'air d'un mont 8
Et, lorsque nous marchons, elle entre 8
Dans notre ventre. 4
Les femmes, au bas de leur dos, 8
Sans effort portent ces fardeaux, 8
15 Qui, s'élançant de leur échine, 8
Vont jusqu'en Chine. 4
Que recouvrent ces plis bouffants, 8
Aussi gros que des éléphants ? 8
Rien, peut-être, à petite dose, 8
20 Ou peu de chose. 4
Un Tiens, Ninettes et Lauras, 8
Vaut bien mieux que deux Tu l'auras. 8
Ce bloc ne disant rien qui vaille, 8
L'esprit travaille. 4
25 Laissant derrière elle un sillon, 8
Ainsi qu'un vol de papillon, 8
Cette mouvante fausse croupe 8
Semble une poupe. 4
Quand je la vois, se soulevant 8
30 Avec orgueil, je crains souvent 8
Qu'elle ne cache, feinte amère ! 8
Une chimère. 4
Mais nous pouvons, rêveurs déçus, 8
Poser quelques objets dessus, 8
35 Ainsi que sur une console. 8
Cela console. 4
Ah ! parfois, en avons-nous ri ! 8
L'homme des classiques nourri, 8
Quand cette croupe se recourbe, 8
40 Songe à la fourbe 4
De ce monstre fait à plaisir 8
Dans un récit, que le désir 8
De ne jamais se taire amène 8
Chez Théramène ! 4
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