Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
NOUS TOUS
1883-1884
XXIX
Bibliographie
Longeant les murs seigneuriaux 8
Des hôtels dont Paris s'honore, 8
Les lourds, les sombres chariots 8
Défoncent le pavé sonore. 8
5 Ils encombrent la rue. Où fuir ? 8
O triste revers des ribotes ! 8
Voici leurs longs tuyaux de cuir 8
Et leurs hommes à grandes bottes. 8
Le vent glacé dans nos cheveux 8
10 Met des caresses dérisoires. 8
On voit briller de rouges feux 8
Parmi des tas de choses noires. 8
Les chariots exorbitants, 8
Sans attendre que Paris dorme, 8
15 Ainsi que des Léviathans 8
L'offensent de leur masse énorme. 8
Qu'emportent-ils ? N'écrivons là 8
Aucun mot que le goût rature. 8
Tiens ! c'est bien malin ! c'est de la… 8
20 Non, c'est de la LITTÉRATURE ! 8
Oui, ce qui naguère engraissait 8
La Terre où naîtra, de fleurs ivre, 8
Le délicieux Avril, c'est 8
Ce qu'on nomme à présent : UN LIVRE. 8
25 Les lourds chariots, pleins de bruit, 8
Roulent, hideux, sous la rafale, 8
Épouvantant l'ombre et la nuit, 8
Et de leurs sombres flancs s'exhale… 8
O corolles faisant le guet 8
30 Au bord du ruisseau qui murmure ! 8
Aubépine rose et muguet ! 8
Buissons verts où rougit la mûre ! 8
O pâquerettes du chemin, 8
Où foisonnent des gouttelettes ! 8
35 O lys, chèvrefeuille et jasmin ! 8
Âmes des tendres violettes ! 8
C'est vainement que Sumatra 8
Devant nos rimes s'extasie : 8
Hélas ! l'avenir nous mettra 8
40 Le nez dans notre — poésie. 8
Car tous braves comme Créquy 8
Et vainqueurs du dégoût morose, 8
Nous nommons bravement ce qui 8
N'est pas la rose : pas la rose. 8
45 O déesse en qui tout est pur, 8
Chaste Nature aux sacrés voiles, 8
A la chevelure d'azur, 8
Dont le front est criblé d'étoiles ; 8
Nous te regardons sous tes reins 8
50 Sans pudeur réactionnaire ; 8
Nous explorons les souterrains 8
Aveugles du dictionnaire ; 8
Et par ces temps d'humidité 8
Où le brouillard nous environne, 8
55 On raille ta timidité, 8
Pâle euphémisme de Cambronne ! 8
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