Métrique en Ligne
BAN_3/BAN179
Théodore de BANVILLE
Les Exilés
1867
À LA MUSE
Je n'ai pas renié la lyre. Je puis boire 12
Encor dans la fontaine à la profondeur noire, 12
Où le rhythme soupire avec les flots divins. 12
Ô déesse, j'étais un enfant quand tu vins 12
5 Pour la première fois baiser ma chevelure. 12
J'étais comme un avril en fleur. Nulle souillure 12
Ne tachait la fierté de mon cœur ingénu. 12
Plus de vingt ans se sont passés : mon front est nu. 12
Nous nous en souvenons ! En ce temps-là, déesse, 12
10 Vingt autres comme moi, beaux, forts de leur jeunesse, 12
Musiciens aux fronts pensifs, que décoraient 12
Aussi de longs cheveux d'or éclatant, juraient 12
De t'adorer, jaloux, jusqu'à leur dernière heure, 12
Et de rester toujours dans la haute demeure 12
15 Que tes yeux azurés emplissent de clarté. 12
Les autres sont partis, muse. Je suis resté. 12
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