Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
Odes funambulesques
1857
À AUGUSTINE BROHAN
Thalie, amante des grands cœurs, 8
Voix éloquente et vengeresse, 8
J'ai bu les amères liqueurs : 8
Prends mes chansons, bonne déesse. 8
5 Berce-les au bruit des grelots ! 8
Muse au beau front, nymphe homérique, 8
De ta lèvre coule à grands flots 8
Notre inspiration lyrique. 8
Ton rire, comme un clair soleil, 8
10 Épanouit les gaîtés franches, 8
Pourpre vive, rosier vermeil, 8
Éblouissement de dents blanches ! 8
Que de fois, chancelant encor 8
Sous le mal dont je suis la proie, 8
15 Tes accents de cristal et d'or 8
M'ont rendu la force et la joie ! 8
Oh ! Que de fois j'ai mendié 8
L'enthousiasme et l'ironie 8
Sur le théâtre incendié 8
20 Par les éclairs de ton génie ! 8
C'est pourquoi, ne dédaigne pas 8
Le pur diamant de mes rimes, 8
Nymphe, dont j'ai baisé les pas 8
Sur la neige des grandes cimes. 8
25 Car sur ton front céleste a lui 8
L'ardent rayon qui me déchire, 8
Et nous nous aimons en celui 8
Qui nous a légué son martyre. 8
Ô spectacle trois fois divin 8
30 De voir une telle écolière 8
Tremper sa bouche dans le vin 8
Dont s'enivra le grand Molière ! 8
Toi qui le charmes au tombeau, 8
Thalie, Augustine, âme élue 8
35 Pour ce délire encor si beau, 8
L'ode est ta sœur, et te salue. 8
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