Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
Odes funambulesques
1857
MA BIOGRAPHIE
À HENRI D'IDEVILLE
Le torrent que baise l'éclair 8
Sous les bois qui lui font des voiles, 8
Murmure, ivre d'un rhythme clair, 8
Et boit les lueurs des étoiles. 8
5 Il roule en caressant son lit 8
Où se mirent les météores, 8
Et, plein de fraîcheur, il polit 8
Des cailloux sous ses flots sonores. 8
Tel, je polissais, cher Henri, 8
10 Des vers que vous aimez à lire, 8
Depuis le jour où m'a souri 8
Le chœur des joueuses de lyre. 8
J'ai voulu des amours constants 8
Et, sans me ranger à la mode, 8
15 J'ai chéri les cris éclatants 8
Et les belles fureurs de l'ode. 8
Quand, tout jeune, j'allais rêvant 8
Avec ma libre et fière allure, 8
Ce fut le caprice du vent 8
20 Qui me peignait la chevelure. 8
C'est au fond du détroit d'Hellé 8
Que j'ai voulu chercher mes rentes, 8
Et je n'ai jamais plus filé 8
Qu'un lys au bord des eaux courantes. 8
25 Mais parfois, lorsque, triomphant, 8
J'enfourchai mes hardis pégases, 8
Tombaient de mes lèvres d'enfant 8
Les diamants et les topazes. 8
J'ai touché les crins des soleils 8
30 Dans les infinis grandioses, 8
Et j'ai trouvé des mots vermeils 8
Qui peignent la couleur des roses ! 8
Je vins, chanteur mélodieux, 8
Et j'ouvris ma lèvre enchantée, 8
35 Et sur les épaules des dieux 8
J'ai remis la pourpre insultée. 8
Un instant, le long du chemin 8
Où des fous m'en ont fait un crime, 8
J'ai tenu bien haut dans ma main 8
40 Le glaive éclatant de la rime ! 8
Sans repos je me suis voué 8
Au destin d'embraser les âmes : 8
Peut-être ai-je encor secoué 8
Trop peu de rayons et de flammes. 8
45 Qu'un plus grand fasse encore un pas, 8
Chercheur de la lumière blonde ! 8
Ami, je ne suis même pas 8
La plus belle fille du monde. 8
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