Métrique en Ligne
BAN_2/BAN128
Théodore de BANVILLE
Odes funambulesques
1857
MÉDITATION
POÉTIQUE LITTÉRAIRE
On écrivait naguère, en ces temps romantiques 12
Où les chants de Ducis étaient des émétiques, 12
Où, sans pourpoint cinabre, on se voyait banni ; 12
Où prudhomme, ventru comme une calebasse, 12
5 Était jeté vivant dans une contre-basse 12
Pour avoir contesté les vers de Hernani. 12
On écrivait, tandis que maintenant on gèle. 12
Où sont les Antony, les Ruy-Blas, les Angèle, 12
Et ces jours, morts hélas ! 6
10 Où Frédérick, faisant revivre Aristophane, 12
Sous le mépris des sots et la robe d'un âne 12
Cachait tragaldabas ! 6
On écrivait, au sein de l'antique Bohème 12
Où le chat de Mimi brillait sur le poëme, 12
15 Où Schaunard éperdu, dédaignant tout poncif, 12
Si quelqu'un devant lui vantait sa pipe blonde, 12
Lui répondait : « j'en ai pour aller dans le monde 12
Une plus belle encore, » et devenait pensif. 12
Aujourd'hui Weill possède un bouchon de carafe, 12
20 Arsène a des maisons, Nadar est photographe, 12
Véron maître-saigneur, 6
Fournier construit des bricks de papier, et les mâte, 12
Henri La Madelène a fait du carton-pâte : 12
Lequel vaut mieux, seigneur ? 6
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