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Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
Nuit
Roch, le bon noctambule, 6
Amoureux comme feu 6
Tibulle, 2
Erre sous le ciel bleu. 6
5 Oubliant nos désastres, 6
Il voit les diamants 6
Des astres 2
Pleins d'éblouissements. 6
Ivre du pur silence 6
10 Où le rêve subtil 6
S'élance, 2
Oh ! maintenant, dit-il, 6
Je renais, je respire ! 6
Je me récite du 6
15 Shakspere ! 2
Ce n'est pas défendu. 6
Oh ! quelle joie immense ! 6
La nuit, ce temps béni 6
Commence 2
20 Et le jour est fini. 6
Ayant quitté leurs bagues, 6
Par le sommeil touchés, 6
Les vagues 2
Figurants sont couchés. 6
25 Ronflant en folles gammes, 6
Ces gens dorment avec 6
Leurs femmes, 2
A Paris comme au Pecq. 6
Et les filles de joie, 6
30 Bataillon que la Faim 6
Déploie, 2
Se reposent enfin. 6
D'une main rude et forte 6
J'ai vu que l'on barrait 6
35 La porte 2
Du fauve cabaret. 6
Tout gorgés d'écrevisses, 6
Les fêteurs ont quitté 6
Leurs vices 2
40 Et leur iniquité. 6
Je suis seul, ô mon rêve ! 6
Mon regard triste et pur 6
S'élève 2
Jusqu'au limpide azur. 6
45 Et d'anges ou d'oiselles 6
Dans l'éther bleu, je vois 6
Des ailes 2
Et j'écoute des voix. 6
Où sont les faux artistes 6
50 Et sur les boulevarts 6
Les tristes 2
Cortèges des bavards ? 6
Évanouis ! La terre, 6
Dans un délicieux 6
55 Mystère, 2
Murmure avec les cieux. 6
Certes, parfois la Vie 6
Prépare d'affreux mets, 6
Ravie 2
60 De nous les servir ; mais 6
Elle n'est plus mauvaise, 6
Lorsque seul et sans bruit 6
Me baise 2
La caressante Nuit. 6
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