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Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
A Madame Léon Daudet
le jour de son mariage
Madame, en vous voyant, vous et votre mari, 12
Couple à qui nuls charmants espoirs ne sont rebelles 12
Et qui semblez marcher sur un sentier fleuri, 12
Comme on devine bien que vos mères sont belles ! 12
5 Comme pour enchanter le ciel oriental, 12
Vos songes sont venus par la porte d'ivoire. 12
Sur vos fronts qu'a touchés le pur souffle idéal 12
Brille un signe nouveau de génie et de gloire. 12
Tenant sous vos regards le bonheur évident, 12
10 Vous voilà tous les deux riants, contents de vivre. 12
Lui, fils d'un père illustre et jeune cependant, 12
Pense et travaille, esprit que la Science enivre. 12
Et, Madame, Victor Hugo, ce cœur si doux, 12
Votre grand-père, maître immense des Orphées, 12
15 Célébra votre grâce, et pour parler de vous 12
Tressa diligemment des rimes qui sont fées. 12
On les sent frissonner sous les feuillages verts, 12
Ces chants où la tendresse ardente s'extasie, 12
Et votre chaste nom, caressé par ses vers, 12
20 En gardera toujours un parfum d'ambroisie. 12
Madame, vous qu'adore, ainsi qu'un cher trésor, 12
Ce vaillant devant qui l'avenir se déploie ; 12
Vous qu'on admire au loin parmi les rayons d'or, 12
Sous un clair vêtement de lumière et de joie ; 12
25 Soyez heureuse, enfant que le chanteur divin 12
Appelait sa petite Jeanne ! Que les Heures, 12
Coulant comme le flot pur d'un généreux vin, 12
Chantent comme une lyre en vos belles demeures ! 12
Vous qui semblez un lys à notre œil ébloui, 12
30 O beauté, pourtant si naïve et si modeste, 12
Vous triomphez encor par ce luxe inouï 12
D'être bonne, — et cela vaut mieux que tout le reste ! 12
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