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Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
Lecture
Oh ! quelle volupté ! Lire ! 7
Entendre, oubliant nos maux, 7
Tous les frissons de la Lyre 7
Exprimés avec des mots ! 7
5 Et regarder les estampes, 7
Quand voltige et tremble un peu 7
Sur la blancheur de nos tempes 7
Le rose reflet du feu ! 7
Sans les toux préparatoires, 7
10 Le Livre, doux et charmant, 7
Nous raconte des histoires, 7
Mais silencieusement. 7
Les caractères en foule 7
S'en vont d'un pas leste et fin, 7
15 Et le conte se déroule 7
Comme une étoffe sans fin. 7
Nous voyons les belles phrases 7
Construites selon nos vœux 7
Nous montrer des chrysoprases 7
20 Dans les ors de leurs cheveux. 7
Et menant la mascarade 7
Sous les rubis indiens, 7
Les mots qui font la parade 7
Sont tous des comédiens. 7
25 L'un que la louange flatte, 7
Apparaît tout radieux, 7
Portant la pourpre écarlate ; 7
Il fait les Rois et les Dieux. 7
Tel, qui parmi nous émigre, 7
30 Nous vient du pays latin, 7
Et tel autre est, comme un tigre, 7
Plus rayé que Mezzetin. 7
Quelle joie ! auprès de celle 7
Dont le regard plein de jour 7
35 Même dans l'ombre étincelle, 7
Lire des strophes d'amour ! 7
Mais lire est plus doux encore 7
Lorsque le Temps envieux 7
Avec sa neige décore 7
40 Notre front devenu vieux. 7
Alors, penché sur son livre, 7
Le vieillard, qu'on trouble en vain, 7
Dit à l'Archer toujours ivre : 7
Je ne bois plus de ton vin. 7
45 C'est fini des soins moroses ! 7
Je n'effeuille plus de lys 7
Ni de rougissantes roses 7
Pour Silvie ou pour Philis. 7
Sans colère, il dit à maintes 7
50 Cruelles aux fronts pâlis : 7
Églés et fières Amintes, 7
Ne fredonnez pas. Je lis. 7
Il dit : Chez moi je n'accueille 7
Ni Lisettes ni Lizons. 7
55 Il n'est plus temps que je cueille 7
Des violettes. Lisons. 7
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