Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
DANS LA FOURNAISE
Dernières Poésies
1892
Rue Lobineau
Cela se traîne autour du marché Saint-Germain. 12
Cet être fabuleux qui n'a plus rien d'humain, 12
Grand corps en deux ployé, tas de choses flétries 12
Comme les vieilles dans les antiques féeries, 12
5 Vêtu de vieux tricots, de haillons, de gilets, 12
Spectre laissant pourrir sur de vagues mollets 12
Ces vils jupons mordus par le ruisseau vorace, 12
Où l'on ne voit plus rien que la boue et la crasse ; 12
Le nez et le menton pointus ; la bouche, écrin 12
10 Vide ; sur le front noir, ces deux mèches de crin ; 12
Ce fouillis de lambeaux affreux, de souquenilles ; 12
Ces pieds entortillés dans de sales guenilles ; 12
Oui, tout cela, — divine Hélène au front d'argent 12
Que la Lune, ta sœur, admirait en songeant ! 12
15 Toi dont la jambe nue éblouissait le pâtre, 12
Diane ! toi Laïs ! vous Phryné, Cléopâtre ! 12
Ève ! toi dont les fleurs géantes et les cieux 12
Et les fleuves, avec leur chant délicieux, 12
Et les lions ravis disaient l'épithalame, 12
20 Cela, tout cet amas d'horreurs, c'est une femme ? 12
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