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Théodore de BANVILLE
SONNAILLES ET CLOCHETTES
1888
XXXVI
Mon Cheval
Je hélais un cocher de fiacre 8
Moi, paria, 4
Mais lui, sans nul vain simulacre, 8
M'injuria. 4
5 Pâle, évoquant la catastrophe 8
Et les tourments, 4
Il écumait comme une strophe 8
Des Châtiments. 4
Il criait : Tonnerre et massacre ! 8
10 Zut ! Holà là ! 4
Monsieur veut monter dans mon fiacre ! 8
Est-il Zola ? 4
Est-il Rothschild ? Est-il en nacre ? 8
Oh ! ces rimeurs ! 4
15 Il prétend monter dans mon fiacre, 8
Tenez, j'en meurs. 4
Tel, ce cocher plein de chimères, 8
En son émoi, 4
Épanchait en notes amères 8
20 Sa bile. Et moi, 4
Las, rêvant d'être solitaire 8
Sur un divan, 4
Prêt à m'enfoncer dans la terre 8
Comme don Juan, 4
25 J'admirais dans les rayons fauves 8
Les vains rébus 4
Que mimaient les conducteurs chauves 8
Des omnibus. 4
Mais dans la foule sacrilège 8
30 Passait par là 4
Un cheval blanc comme la neige, 8
Qui me parla. 4
Et c'était le divin Pégase, 8
Agile et sûr. 4
35 Il ouvrait ses ailes de gaze 8
Jusqu'à l'azur. 4
Oh ! dit-il, toi qui tiens Golconde 8
En tes écrins, 4
Dédaigne leur vaine faconde. 8
40 Saisis mes crins ! 4
Viens, monte ! et sous le bénévole 8
Ciel estival, 4
Je leur montrerai comme on vole, 8
Moi, ton cheval. 4
45 Je suis fidèle comme Thècle 8
En mes amours. 4
Tu peux me prendre à l'heure, au siècle, 8
Même, à toujours. 4
Nous pourrons errer, groupe blême 8
50 Aux yeux ardents, 4
Tout autour de la Tour, et même 8
Grimper dedans. 4
Et de là, par des élans brusques 8
Et factieux, 4
55 Bondir effroyablement jusques 8
Au fond des cieux. 4
Et tirer, au fond des sublimes 8
Gouffres vermeils, 4
Un feu d'artifice de rimes 8
60 Pour les soleils ! 4
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