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Théodore de BANVILLE
SONNAILLES ET CLOCHETTES
1888
XXXV
Exposante
Le jour où, dans l'ambition 8
D'orner la ville déjà verte, 8
A Paris, l'Exposition 8
Universelle s'est ouverte, 8
5 Cependant que l'on voyait sur 8
Notre ciel qui n'est plus morose 8
Briller les coupoles d'azur, 8
Un humoriste dit à Rose : 8
Toi, dont on adore à genoux 8
10 Les cils et la paupière blonde, 8
Vois, nous centralisons chez nous 8
Toutes les merveilles du monde. 8
Nous avons les pays charmants, 8
Toutes les Indes et les Chines, 8
15 Les vertigineux diamants, 8
Les peintures et les machines. 8
Pour oublier les maux subis, 8
Nous avons des fêtes hautaines ; 8
La chrysoprase et les rubis 8
20 Coulent dans le flot des fontaines. 8
Sœur de la sage Dalila, 8
Sur nos glorieux territoires 8
Chacun apporte ce qu'il a, 8
Des ors, des argents, des ivoires. 8
25 Eiffel (on ne saurait nier 8
Qu'il gagnera de fortes sommes) 8
Expose une tour, et Garnier 8
Les habitations des hommes. 8
Qui donc sous les feuillages verts 8
30 Expose dans l'air qui frissonne ? 8
Tous les mortels de l'univers. 8
Et qui donc est absent ? Personne. 8
Mais toi, Rose, dont les desseins 8
Ont un appétit grandiose ; 8
35 Toi qui sur les bouts de tes seins 8
Laisses voir des boutons de rose ; 8
Toi qui, ne craignant aucun choc, 8
Sembles superbement taillée 8
A coups de ciseaux dans le roc, 8
40 Et pourtant, si bien détaillée ; 8
Toi, délice et régal du jour, 8
Dont la robe, sans que tu puisses 8
L'en empêcher, avec amour 8
Dessine ton ventre et tes cuisses ; 8
45 Femme dont les cheveux épars 8
Sur ton épaule et sur tes hanches 8
Roulent à flots de toutes parts, 8
Comme de noires avalanches ; 8
Triomphe adorable et vermeil, 8
50 Être à la blancheur liliale, 8
Dont la lèvre brille au soleil 8
Comme une pourpre impériale ; 8
Toi, Rose, ange, femme et bandit, 8
Charmeresse aux regards de flamme, 8
55 Qu'exposeras-tu donc ? — Moi ? dit 8
Rose, j'exposerai — mon âme ! 8
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