Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
SONNAILLES ET CLOCHETTES
1888
XVIII
Réplique
Le perdreau, sur son plat d'argent, 8
Bien enveloppé dans sa barde, 8
Avait un bel air engageant. 8
Il eût même inspiré le barde. 8
5 En le voyant, Rose et Ninon, 8
Ces tendresses que l'on achète 8
Et qui ne disent jamais : Non, 8
Tourmentaient déjà leur fourchette. 8
Rose, qui plaît à don Pedro, 8
10 Grand d'Espagne aux sourcils d'ébène, 8
Dit alors au perdreau : Perdreau, 8
Vois ! pour toi quelle heureuse aubaine 8
D'être enfin savouré, mon cher, 8
Par de si belles demoiselles, 8
15 Qui vont se nourrir de ta chair 8
Et se régaler de tes ailes ! 8
Telle Rose, par un circuit, 8
S'égarait en discours frivoles. 8
Mais le perdreau, bien qu'il fût cuit, 8
20 Prononça de sages paroles. 8
Être mangé n'est pas un mal, 8
Dit-il, et c'est la fin morose 8
De n'importe quel animal. 8
Sache-le pourtant, jeune Rose, 8
25 Fille plus folle que la mer 8
Fertile en farces incongrues, 8
A nous, perdreaux, il semble amer 8
D'être dévoré par des grues ! 8
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