Métrique en Ligne
BAN_16/BAN649
Théodore de BANVILLE
SONNAILLES ET CLOCHETTES
1888
XVI
Colloque
En passant auprès du bassin 8
Où le flot s'enfle comme un sein, 8
L'oiseau neigeux m'ayant fait signe, 8
J'approchai bien vite, et sur lui 8
5 Comme un rayon d'or avait lui, 8
Je dis à ce beau Cygne : Cygne ! 8
Buvant le ciel aérien, 8
Blanc voyageur, tu ne fais rien. 8
C'est vainement que l'on t'épie. 8
10 Être de neige, comme un lys, 8
Te suffit, ô Cygne, tandis 8
Que nous faisons de la copie. 8
Va chercher une entrave ailleurs ! 8
Imite les bons travailleurs : 8
15 Le Bœuf superbe qui laboure, 8
Ou l'Âne, heureux d'avoir marché, 8
Qui, sur son dos, porte au marché, 8
Des légumes, et que l'on bourre. 8
Et nous-mêmes, sans nous vanter, 8
20 Vois, nous ne savons qu'inventer 8
Pour montrer notre humeur folâtre. 8
Romantiques impénitents, 8
Nous écrivons, de temps en temps, 8
Quelque farce, pour le théâtre. 8
25 Que diable ! escrime-toi, voyons, 8
Autrement que dans les rayons ! 8
Tel, mû par le désir insigne 8
Et rempli d'opportunité 8
D'entrer dans la modernité, 8
30 Je gourmandais le nommé Cygne ; 8
Mais l'oiseau de neige et de lys, 8
Plus blanc que le sein de Laïs, 8
L'oiseau divin qui, sur la ville 8
Regarde l'astre à son déclin, 8
35 Me dit : Ne fais pas le malin 8
Et soigne tes rimes, Banville. 8
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