Métrique en Ligne
BAN_16/BAN644
Théodore de BANVILLE
SONNAILLES ET CLOCHETTES
1888
XI
Désarmement
Désarmer ? Oui, ce bruit-là court, 8
Je sais qu'on a conté ce conte. 8
Églé, qui doit l'arrêter court ? 8
Vous, dont il faut bien tenir compte. 8
5 On parle de désarmement ! 8
Sans nulles paroles railleuses, 8
On rangerait, pour le moment, 8
Les canons et les mitrailleuses. 8
Ainsi, tout sera bien réglé 8
10 Pour tranquilliser les empires. 8
C'est bon. Mais cependant, Églé, 8
Que ferez-vous de vos sourires ? 8
Car, Déesse, vos fiers appas 8
Et vos beautés et tous vos charmes, 8
15 Ainsi qu'on ne l'ignore pas, 8
Sont les plus redoutables armes. 8
Jeune guerrière aux sombres yeux, 8
Que ferez-vous de l'arc farouche 8
De vos sourcils mystérieux 8
20 Et des braises de votre bouche ? 8
O vous dont on craint l'œil subtil 8
Et qui triomphez dans les villes, 8
Dites-le-nous, en sera-t-il 8
De vous comme des vaudevilles, 8
25 Et verra-t-on les fiers accords 8
Que la grâce des attitudes 8
Fait saillir sur votre beau corps, 8
Remplacés par des platitudes ? 8
Celle qui vit à ses genoux 8
30 Le jeune Adonis comme Anchise, 8
Avait bien moins d'armes que vous ; 8
Et, je le dis avec franchise, 8
Charmeresse, Ève ou Dalila, 8
Dût l'Europe en être alarmée, 8
35 Tant que vous aurez ces yeux-là, 8
Je ne vous vois pas désarmée. 8
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