Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
SONNAILLES ET CLOCHETTES
1888
IX
La Pluie
Ce temps-là ne m'a pas déplu 8
Et son rhythme obstiné me grise. 8
Mais, chers amis, comme il a plu ! 8
Comme l'atmosphère était grise ! 8
5 Lorsqu'elle tombe drue encor 8
Et que le soleil la traverse, 8
Alors la pluie est tout en or 8
Et sa longue chanson me berce. 8
Puis le rayon vermeil, avec 8
10 Fierté, s'enfuit comme une flèche. 8
Selon le beau symbole grec, 8
Danaé, c'est la Terre sèche. 8
Sans qu'on lui reproche aucun tort, 8
Meurtrie et toute malheureuse, 8
15 Elle se tourmente et se tord, 8
Comme une personne amoureuse. 8
Elle cherche en vain le repos, 8
Car elle brûle. Mais la pluie 8
D'or, vient caresser à propos 8
20 Cette princesse qui s'ennuie. 8
Il fera bon pour l'Opéra, 8
Puisqu'à mars juillet s'assimile ; 8
Dans les théâtres, on fera, 8
Comme au cœur de l'hiver, six mille. 8
25 Dans le mystérieux éther 8
Où sa fantaisie est diverse, 8
Du grand ciel d'en haut, Jupiter 8
A plu, j'ose le dire, à verse. 8
Il est venu dans cet air bleu 8
30 Qu'il inonde, orage ou rosée, 8
Et, tout de bon, la Terre en feu 8
Peut dire qu'elle est arrosée. 8
Qu'elle trouve une douce voix 8
La pâle victime qu'on tente ! 8
35 Mais par exemple, cette fois, 8
Si Danaé n'est pas contente !… 8
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