Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
ROSES DE NOËL
1878
Leurs Lèvres
Quand vient le jour pareil au jour 8
De bonheur et d'orgueil en fête, 8
Où ta mère pleurait d'amour 8
En contemplant ta chère tête ; 8
5 Quand renaît le jour où tu vins, 8
Comme Dieu l'exige, ô mystère ! 8
De la clarté des cieux divins 8
Aimer et pleurer sur la terre ; 8
Alors, pareil à l'exilé 8
10 Qui, lorsqu'il revoit sa patrie, 8
Marche tranquille et consolé, 8
Ce jour-là, mère, hélas ! meurtrie, 8
Je vois ma sœur au front charmant 8
Et les deux yeux bleus de mon père, 8
15 Et ce n'est pas moi seulement 8
Qui dis à ton oreille : Espère ! 8
Ah ! de nos fronts endoloris 8
Que les vaines craintes s'envolent ! 8
Tous ceux que nous avons chéris 8
20 A la même heure nous consolent. 8
Pour nous rendre forts et joyeux, 8
Leur cœur, leur esprit, leur bravoure 8
Et leur souffle silencieux 8
Vivent dans l'air qui nous entoure. 8
25 Dans le parfum léger des fleurs 8
Une vague haleine soupire ; 8
C'est leur voix. A travers nos pleurs 8
Glisse un rayon : c'est leur sourire, 8
Et pour que leur calme baiser 8
30 Nous réchauffe à ses douces flammes, 8
Je sens leurs lèvres se poser 8
Délicatement sur nos âmes. 8
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