Métrique en Ligne
BAN_15/BAN617
Théodore de BANVILLE
ROSES DE NOËL
1878
Exil
En cette courte vie, hélas ! où rien ne dure, 12
Comme l'absence est triste et qu'elle semble dure ! 12
Chère âme, je ne puis, en baisant tes cheveux, 12
Te donner mon amour, mes chants, mes pleurs, mes vœux, 12
5 Et t'offrir un bouquet de pâles violettes ! 12
Ah ! du moins, le chanteur des fraîches odelettes, 12
Que réchauffa ton souffle en son frêle berceau, 12
Le courtisan du lys en fleur et du ruisseau 12
T'enverra son baiser dans un vers où respire 12
10 Son amour, comme un souffle harmonieux de lyre, 12
Et sa caresse tendre, et son âme et sa voix. 12
Mais, ne me vois-tu pas ? Si, mère, tu me vois ! 12
Quand la neige tombant sur le coteau qui penche ; 12
Avec ses doux flocons a fait la route blanche, 12
15 Regarde-moi, donnant la volée à des vers 12
Frémissants, qui, malgré le souffle des hivers, 12
Avec des cris joyeux s'enfuiront tout à l'heure 12
Dans la blanche lumière et dans le vent qui pleure, 12
Calme et pensif, auprès du clair foyer rêvant, 12
20 Et caressant toujours les strophes, mais souvent 12
M'interrompant de suivre au hasard ma chimère, — 12
Pour me dire : Que fait là-bas ma douce mère ? 12
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