Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
LES PRINCESSES
1874
Les Princesses
Je laisse à Gavarni, poëte des chloroses,
Son troupeau gazouillant de beautés d'hôpital,
Car je ne puis trouver parmi ces pâles roses
Une fleur qui ressemble à mon rouge idéal.
Charles Baudelaire,L'Idéal.
Les Princesses, miroir des cieux riants, trésor 12
Des âges, sont pour nous au monde revenues ; 12
Et quand l'Artiste en pleurs, qui les a seul connues, 12
Leur ordonne de naître et de revivre encor, 12
5 On revoit dans un riche et fabuleux décor 12
Des meurtres, des amours, des lèvres ingénues, 12
Des vêtements ouverts montrant des jambes nues, 12
Du sang et de la pourpre et des agrafes d'or. 12
Et les Princesses, dont les siècles sont avares, 12
10 Triomphent de nouveau sous des étoffes rares : 12
On voit les clairs rubis sur leurs bras s'allumer, 12
Les chevelures sur leurs fronts étincelantes 12
Resplendir, et leurs seins de neige s'animer, 12
Et leurs lèvres s'ouvrir comme des fleurs sanglantes. 12
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