Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
TRENTE-SIX BALLADES JOYEUSES
1873
XIII
Ballade pour la servante du cabaret
Ami, partez sans moi ; l'Amour vous suit 10
Pour faire fête à votre belle hôtesse. 10
Vous dites donc qu'on aura cette nuit 10
Souper au vin du Rhin, grande liesse 10
5 Et cotillon chez une poëtesse. 10
Que j'aime mieux dans les quartiers lointains, 10
Au grand soleil ouvert tous les matins, 10
Ce cabaret flamboyant de Montrouge 10
Où la servante a des yeux libertins ! 10
10 Vive Margot avec sa jupe rouge ! 10
On peut trouver là-bas, si l'on séduit 10
Quelque farouche et svelte enchanteresse, 10
Un doux baiser pris et donné sans bruit, 10
Même, au besoin, un soupçon de caresse ; 10
15 Mais, voyez-vous, Margot est ma déesse. 10
J'ai tant chéri ses regards enfantins, 10
Et les boutons de rose si mutins 10
Qu'on voit fleurir dans son corset qui bouge ! 10
Sa lèvre est folle et ses cheveux châtains : 10
20 Vive Margot avec sa jupe rouge ! 10
J'ai quelquefois grimpé dans son réduit 10
Où le vieux mur a vu mainte prouesse. 10
Elle est si rose et si fraîche au déduit, 10
Quand rien ne gêne en leur rude allégresse 10
25 Son noble sang et sa verte jeunesse ! 10
Le lys tremblant, la neige et les satins 10
Ne brillent pas plus que les blancs tétins 10
Et que les bras de cette belle gouge. 10
Pour égayer l'ivresse et les festins, 10
30 Vive Margot avec sa jupe rouge ! 10
Envoi
Prince, chacun nous suivons nos destins. 10
Restez ce soir dans les salons hautains 10
De Cidalise, et je retourne au bouge, 10
Aux gobelets, aux rires argentins. 10
35 Vive Margot avec sa jupe rouge ! 10
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