Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
Alsace
Toute désolée et meurtrie, 8
Notre Alsace, en proie aux horreurs, 8
Dans son sein de mère patrie 8
Nous trouve encor des francs-tireurs. 8
5 Où se forment-ils ? On l'ignore. 8
Calmes et le fusil aux doigts, 8
On les voit paraître à l'aurore, 8
Devant quelque bouquet de bois 8
D'où leur troupe au combat s'élance, 8
10 Ou bien émerger d'un rideau 8
D'arbres noirs, ou bien en silence 8
Suivre quelque petit cours d'eau. 8
Leur flot se masse ou s'éparpille ; 8
Harcelant, pillant les convois, 8
15 Ils fusillent, on les fusille ; 8
Ils vont, par les temps les plus froids, 8
Affrontant la neige brûlante 8
Et le plomb qui siffle à l'entour, 8
Embrasser une Mort sanglante 8
20 Avec de grands transports d'amour. 8
Mais en vain le plomb les dévore : 8
Exterminés, ils sont vivants ; 8
On les entend crier encore 8
Le nom de France aux quatre vents ; 8
25 Et l'Alsace française admire, 8
Sur son vieux sol bouleversé, 8
Ces enfants au hardi sourire 8
Qui renaissent du sang versé ! 8
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