Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
La fausse Dépêche
Sachant qu'il nous reste du pain… 8
Et des confitures de pêche, 8
Le Prussien, passé Scapin, 8
Nous bâcle une fausse dépêche ; 8
5 Puis on nous l'envoie — on se sent 8
Ravi de ces ruses de guerre 8
Par un pigeon bien innocent 8
Qu'il nous a pris sur le Daguerre, 8
Et la signe : Lavertujon ! 8
10 Mais Paris s'en frotte la panse : 8
En vérité, le plus pigeon 8
Des trois n'est pas celui qu'on pense. 8
La farce dont on crut subtil 8
De charger la pauvre colombe, 8
15 Était cousue avec un fil 8
Blanc comme la neige qui tombe. 8
Ah ! ce conte du pigeonneau 8
D'une franche gaîté ruisselle ! 8
Attila devient Calino ! 8
20 Cyrus pille Cadet-Rousselle ! 8
Donc, aigle prussien, après 8
Avoir volé, farouche et sombre, 8
Sur tant de morts, que les cyprès 8
Ne couvriront pas de leur ombre ; 8
25 Après avoir, cruel et sec, 8
Ouvert tant de blessures noires, 8
Et si longtemps rougi ton bec 8
Dans le charnier de tes victoires ; 8
Las enfin d'avoir triomphé, 8
30 Devant l'Europe spectatrice 8
Tu reviens te montrer, coiffé 8
De la perruque de Jocrisse ! 8
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