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Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
A Meaux, en Brie
Avec ses cohortes guerrières 8
Ayant traversé les hameaux, 8
Après avoir quitté Ferrières, 8
Le bon roi Guillaume est à Meaux. 8
5 Comme il chemine vers les banques, 8
Dans le but de les prendre en flanc, 8
Sur la place, des saltimbanques 8
Regardent le monarque blanc. 8
Ces gais comédiens en fête, 8
10 Ces Rachels et ces Frédéricks 8
De rencontre, dont la tempête 8
A léché les pâles carricks, 8
C'est Atala, c'est Zéphirine, 8
Fleur que Sosthènes invoquait, 8
15 Et Gringalet, que tout chagrine, 8
Et leur maître à tous, Bilboquet. 8
Or, dans la ville de province 8
Toute noire de Bavarois, 8
Ils se dévisagent, le prince 8
20 Des bouffons et le roi des rois. 8
Tous deux sont grands et font campagne. 8
Si Guillaume, le pourfendeur, 8
A la fureur de Charlemagne, 8
Bilboquet en a la splendeur. 8
25 Car sur son dos le carrick flotte ; 8
Et, flamboyant devant ses pas, 8
Comme il s'en fit une culotte, 8
La pourpre ne l'étonne pas. 8
Le grand saltimbanque fantasque 8
30 Voit l'aigle de cuivre écrasé 8
Sur le cuir miroitant du casque 8
Dont se coiffe le roi rusé ; 8
Alors, ôtant son feutre glabre, 8
Que chaque ouragan bossuait, 8
35 Et qui fut fait à coups de sabre, 8
Il dit ces mots : O Bossuet ! 8
Chacun à sa manière dîne. 8
Qu'un aiglon soit un bon régal 8
Étant mis à la crapaudine, 8
40 Je le veux bien. Mais c'est égal, 8
J'admire, en riant comme un faune 8
En ce monde rempli de maux, 8
Qu'un tel oiseau de cuivre jaune 8
Soit aujourd'hui… l'aigle de Meaux ! 8
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