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Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
Aux Compagnies de guerre
du dix-huitième bataillon
Pour notre pays, que dévore 8
Un envahisseur exécré, 8
Frères, vous allez, à l'aurore, 8
Combattre le combat sacré ! 8
5 O forgerons de notre histoire ! 8
Vous partez, libres et joyeux, 8
Et déjà l'ardente Victoire 8
Semble étinceler dans vos yeux. 8
Vous courez à la délivrance, 8
10 Cœurs fiers que rien ne peut briser, 8
Emportant le nom de la France 8
A vos lèvres, comme un baiser ; 8
Et vous mêlez l'Hymne française, 8
Toute pleine de vos amours, 8
15 L'incorruptible Marseillaise 8
Au long roulement des tambours ! 8
Allez dans la plaine meurtrie 8
Vaincre ces maudits. Il le faut. 8
Ici l'adorable Patrie 8
20 Vous encourage, et Dieu là-haut ! 8
Sur le Vandale, sur ce rustre 8
Allez venger le vieil affront ; 8
Allez vers la bataille illustre, 8
Et tous iront, tous vous suivront ; 8
25 Pour briser l'exécrable piège, 8
Tous vous suivront au grand soleil : 8
Les vieillards aux cheveux de neige 8
Et les enfants au front vermeil. 8
Et nous chasserons le barbare 8
30 Ivre de haine et de trépas, 8
Jusque vers son pays avare 8
Dont le sol ne le nourrit pas ! 8
Frères ! sous le canon qui tonne 8
Entendez frémir nos bourreaux. 8
35 Il dit, l'ennemi qui s'étonne : 8
Quel est ce peuple de héros ! 8
Trahi, vaincu, dans les fumées 8
Il ressuscite, vigilant ; 8
Il se relève, et les armées 8
40 Jaillissent de son cœur sanglant ! 8
Oui, c'est l'heure des grands spectacles ! 8
Compagnons, vous triompherez. 8
S'il faut d'impossibles miracles 8
De bravoure, vous les ferez. 8
45 Et déjà de son auréole 8
Ennoblissant jusqu'aux haillons, 8
Voici que la Victoire vole 8
Sur le front de nos bataillons. 8
Allez donc ! Nous saurons vous suivre 8
50 Et marcher dans votre chemin : 8
La voix des fanfares de cuivre 8
Retentit, Frères, à demain ! 8
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