Métrique en Ligne
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Théodore de BANVILLE
IDYLLES PRUSSIENNES
1871
Les Rats
Dans un coin retiré du parc, 8
Les Rats, assis sur leurs derrières, 8
Regardent monsieur de Bismarck 8
Sous les ombrages de Ferrières. 8
5 Les yeux enflammés de courroux, 8
Et lui tirant leurs langues roses, 8
Les petits Rats blancs, noirs et roux, 8
Lui murmurent en chœur ces choses : 8
Cuirassier blanc, qui te poussait 8
10 A vouloir cette guerre étrange ? 8
Ah ! meurtrisseur de peuples, c'est 8
A cause de toi qu'on nous mange ! 8
Mais ce crime, tu le paieras. 8
Et, puisque c'est toi qui nous tues, 8
15 Nous irons, nous les petits Rats, 8
En Prusse, de nos dents pointues 8
Manger les charpentes des tours 8
Et les portes des citadelles, 8
Plus affamés que les vautours 8
20 Qui font dans l'air un grand bruit d'ailes ! 8
Tu nous entendras dans le mur 8
De ton grenier, où l'ombre est noire, 8
Tout l'hiver manger ton blé mûr, 8
Avant de grignoter l'armoire ! 8
25 Puis nous rongerons l'écriteau 8
Qui sacre un nouveau Charlemagne, 8
Et même le rouge manteau 8
De ton empereur d'Allemagne, 8
Toujours, toujours, à petit bruit, 8
30 D'une dent aiguë et folâtre 8
Mâchant et mordant, jour et nuit, 8
Ces accessoires de théâtre ; 8
Puis, sous les yeux de tes valets, 8
Nous couperons, ô philanthrope ! 8
35 Les mailles des hideux filets 8
Où tu veux enfermer l'Europe ! 8
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